Brevet 300 kms à Freiburg - Freiburg le 25 avril 2015

Autor
Philipe et Brigitte Laplanche
Datum
03.05.2015

Bölchen 2 : 4 400 m de dénivellation +

En Avril, ne te découvres pas d’un fil ! En vélo, gardes ton imper sur le dos ! Merci à Urban et Walter qui nous ont proposés cette randonnée campagne et montagne à travers le sud de la Forêt Noire, Le Jura Suisse et le Sundgau français. Brevet qualificatif pour PBP, version grimpeur.

On n’est pas venu pour jouer à la ba-balle, ni au ballon. On a fait le tour de Bâle, pas le Ballon d’Alsace, ni le Bölchen, mais le Belchen dans le Jura Suisse. Après un détour pour traverser le Rhin, on s’est fait un tour de reins dans les raidillons à 14 %, circulation fortement déconseillée aux poids lourds, freinage ABS vivement recommandé, descentes vraiment dangereuses en cas de route mouillée. Au pays du chocolat, les vaches Milka font du toboggan.

A partir de 06 h 30, Petit déjeuner au restaurant Augustiner, buffet pour 130 participants. Organisation impeccable et sympathique. 2 brevets de 300, un difficile et un très dur ! La météo n’est pas bonne, la pluie est prévue. La plupart des cyclos sont équipés en marins bretons. Nous sommes en cuissard court et sans manche. Quitte à être mouillé, je préfère être léger. Nous avons les vestes pluie pour les descentes et le froid. BRM300 2015

Départ 08 h30, sortie de la ville tranquille par une belle piste cyclable. La première ascension a de suite calmé les ardeurs ; arc bouté sur son guidon, tenir debout est déjà un exercice d’équilibriste. Démarrer doucement il disait Walter, mais je ne pouvais pas faire autrement ! La petite route de la vallée de Zastlertal était heureusement bien goudronnée, sauf le dernier kilo en terre mouillée, quelques restes de neige nous attendaient au col, Rinkenpass 1200m. BRM300 2015

On était de suite dans l’ambiance montagne ! L’averse venait tout juste de passer, la route trempée nous a renvoyé l’eau froide sur les jambes, descente délicate.

Deux bosses plus loin, c’est la vallée du chameau, non des Ours, Bärental, au milieu des sapins. Le ciel est à l’éclaircie en longeant le petit lac de Schluchsee. La deuxième ascension nous attend et on arrive au col Äulemer Kreuz à 1150 m plein vent. On aura le vent de face toute la journée. Premier contrôle à St Blasien à 12 h00, seulement 60 kms. Pas le temps de flâner, ni de déguster un gâteau en terrasse. Nous poursuivons notre parcours par une longue vallée tranquille jusqu’au Rhin.

2 ème contrôle à Albruck à 13 h00.

BRM300 2015Nous traversons le Rhin sur une passerelle métallique. Maintenant en Suisse, nous suivons l’Euro Vélo 6 à l’ouest jusqu’à Laufenburg. C’est maintenant que les choses sérieuses vont commencer. Nous sommes bons derniers, peu importe, notre objectif est de finir dans les temps. Walter a dit : démarrer tranquillement, poursuivre et tenir bon. BRM300 2015Pas d’affolement, on va prendre les côtes comme elles se présentent. Nous avons rendez-vous avec un plat de pâtes au prochain contrôle, à 45 kms. En attendant, on enfile les côtes et les descentes, toujours avec du vent frais. Si au moins, le temps restait sec ! Les paysages vallonnés sont des cartes postales en 3 D. Certains villages sont coincés au
fond d’un vallon d’où on cherche la sortie. Debout sur les pédales, puis debout sur les freins. Je suis impressionné par une grande descente à 20 %. Je suis pas à pas mon itinéraire sur la feuille de route, pas question de faire une erreur, nous sommes en terre inconnue. Pour l’instant, j’utilise au mieux mes forces pour gravir à l’économie la succession de côtes et de passages à 14 %. En cas de coup de pompe ou de fringale, je ne m’en remettrais pas. Les tartines sont loin, avec deux barres de céréales, cela ne suffira pas.

Mais je n’y pense pas trop.

Brigitte comme à son habitude gère son effort tranquillement, tout en remarquant que ce n’est pas du vélo plaisir. Qu’est ce qu’on fait là dans cette galère? BRM300 2015J’espère tout simplement arriver au contrôle à temps et manger quelques pâtes pour recharger les batteries.

Au loin, on aperçoit les sommets arrondis, cela doit être là haut! Descente et traversée du dernier village avant l’ascension au ballon. La
route étroite monte par à-coups, puis trop raide pour nous, nous voilà piétons. BRM300 2015Surprise c’est maintenant une piste. Nous voilà randonneurs, pas à côté de nos pompes, mais à côté de nos vélos. Après 1 kilomètre de poussette, on retrouve le goudron à un petit col. On bascule côté prairies, puis on grimpe à nouveau sur une route défoncée. On approche, mais encore 1 ou 2 kilomètres, c’est long.

Enfin, le resto est en contre bas à droite, mais en face c’est un mur sur lequel on aperçoit deux cyclos perchés, déjà sur le retour, lourdement chargés de raviolis, de spaghettis ou de macaronis. BRM300 2015Ce n’est pas sympa d’avoir établi le camp de base juste sous le col. On préfère toujours faire la halte une fois la difficulté passée. Pour l’instant, c’est à nous de profiter d’une auberge d’alpage suisse. Nous retrouvons un compagnon de route déjà attablé devant ses spaghettis et une bière. Les restaurateurs avisés par document officiel, nous servent rapidement. 16 h 30, l’heure du thé et des pâtes.

Je suis content d’apprendre que l’on a encore 1 heure d’avance sur le temps limite. Cela me rassure pour la suite. Le plein étant fait et les cartons jaunes tamponnés, nous enfourchons nos mules pour passer le Chilchzimmer Sattel à 980 m. Le ciel est toujours chargé de mauvaises intentions et on se couvre pour ne pas prendre froid. BRM300 2015Encore une traversée de vallée et une nouvelle côte sollicite nos jambes fatiguées. Il faut tenir moralement, c’est tout! Nouvelle descente qui nous conduit cette fois ci vers l’ultime difficulté. On découvre au fur et à mesure
la topographie de l’itinéraire, à chaque raidillon on s’attend au pire, se demandant si on va être capable de se lever sur les pédales, de faire l’effort, de relancer, de tirer sur les bras, ... de passer l’obstacle et de tenir encore. Maintenant, on remonte la dernière vallée, belle et sauvage, elle vaut de l’or pour nous. BRM300 2015C’est la Guldental. Gulden = pièce en or. Je ne sais pas s’il y a de l’or dans ce ruisseau, mais nous allons chercher l’or à sa source, au plus haut. Concernant le trafic routier, rien à déclarer! On aura vu plus de tracteurs que de voitures. Nous devinons là haut les derniers lacets. On fera le dernier kilomètre à pied pour ne pas puiser dans nos réserves. Ne le dites à personne !

Ouf ! Shelten Pass 1050 m. BRM300 2015

Quoi de neuf à l’Ouest ? Le temps d’une photo et de deux raisins secs, nous enfilons nos cirés jaunes pour affronter un grain, une déferlante qui va nous submerger. Après les premiers lacets, c’est une route sinueuse et glissante qui s’enfonce dans les gorges.

La vallée s’élargit et s’aplatit, mais la pluie redouble. Nous filons 15 nœuds tous feux allumés en projetant des gerbes d’eau. Au contrôle de Délemont (Suisse) nous rentrons dégoulinants dans une station service où nous retrouvons deux naufragés. Le temps de boire un café et on repart, pas la
peine de se refroidir. La pluie se calme. Je voudrais passer une ou deux côtes avant la nuit. Au prochain village, on double deux autres cyclos.

Il y a une bonne côte de 7 kms, on va vite voir si on a gardé des forces. Ca passe ! Dans la côte suivante, je joue de malchance. Je suis un pneu crevé, mais ma roue arrière l’est encore plus. Le soir au fond des bois, il y a mieux comme endroit pour réparer. Le gruppetto de quatre nous passe gentiment tous feux allumés. Dommage ! J’aurais bien pris le train en marche. Mes mains sont engourdies d’humidité. Pneu et chambre à air, tout est mouillé. Je ne trouve pas l’objet indélicat qui s’est immiscé subrepticement dans mes boyaux. Tout va bien! Ma frontale me lâche et la mini pompe d’habitude performante est à bout de souffle. Alors que je repars en côte non moins rassuré de cette réparation, mon dérailleur arrière s’en mêle, anormalement déréglé. C’est vrai, j’ai sûrement crevé en Suisse avant le passage de la frontière et réparé en France. Les vitesses ne sont plus indexées au cours du jour. Tout va bien! La nuit est bien obscure.

Avec cette humidité, mon feu avant perd rapidement de son éclat, je ne distingue plus les bas-côtés. « Brigitte, passes devant ! » Cela va mieux comme
ça ! Quelles sont ces forces obscures de la forêt qui me contrarient.

Encore deux bosses et nous arrivons à Ferrette, où surprise, un magasin de cycles est grand ouvert. Patience, Le vent va tourner ! Le patron fait du rangement. Un coup de gonfleur et nous voilà regonflés à bloc, surtout rassurés. Le château sur son promontoire veille sur le village. « Touchez ma bosse Monseigneur ! Ca vous portera chance ! « C’est reparti jusqu’au prochain village où nous devons répondre à une question du contrôle. Pendant que Brigitte fait le tour de la question et du monument aux morts, je me présente gentiment à la porte du
restaurant pour quémander un peu de chaleur, de réconfort et un peu de soupe. Il est 22 h 30, la salle est pleine et tous les yeux sont braqués sur nous, nos habits bizarres, nos cheveux hagards et yeux ébouriffés. La patronne nous installe gentiment et précautionneusement, serviettes sous les fesses. Une bonne soupe aux asperges de saison et du pain font notre bonheur.

On repart avec 1⁄4 d’heure de retard, mais peu importe, il ne reste que 90 kms. Maintenant, il suffit de suivre la feuille de route, de village désert en village endormi, en faisant très attention aux carrefours, aux panneaux et changements de direction. Attention aussi à la chaussée par endroits glissante. On se dirige vers le Canal du Rhin que l’on va suivre sur 30 kms, vent arrière, sans rencontrer aucune voiture, ni manifestant, jusqu’à Fessenheim. La manif aura lieu demain, mais la patrouille de sécurité fait déjà sa ronde derrière les grillages. Ces gardiens de notre énergie tournent en cage cherchant peut être une trouée dans la clôture et attendant plus certainement l’heure de la sortie par la grande porte pour aller se coucher. Nous contournons l’obstacle et traversons le canal, puis le Rhin qui s’écoule imperturbable. Nous passons au vert, en Allemagne.

Le dernier contrôle se situe dans une station d’autoroute, l’occasion de faire un dernier plein. Deux cyclos s’apprêtent à repartir. Ils font partie peut être de l’autre brevet. Peu importe ils rentrent aussi à Freiburg. Ce sera 10 minutes de pause pour valider notre passage et se
ravitailler. Encore quelques kilomètres et nous empruntons la piste cyclable. C’est plus sûr, mais pas plus évident. Suffirait-il simplement de rester côté gauche de la grand’route? Malheureusement, sur la piste cyclable, les embranchements ne sont ni balisés, ni éclairés. Il y a bien un « schmilblick » ou « une coquillette dans le potage », car nous nous retrouvons face à face avec deux projecteurs arrêtés.

Nos deux derniers cyclos, compagnons de la nuit, bien que équipés de GPS, nagent en plein flou. C’est la magie de la nuit. « C’est par là ? Ah non, on en vient ! Vous êtes certains ? Oui ! » Je repars en passant sous le pont et en suivant simplement la piste évidente. C’est comme si je sortais en voiture du deuxième sous-sol d’un parking souterrain. Je tourne et suis également désorienté. Je me retourne et aperçois au-dessus le carrefour des routes où je peux lire les directions. »C’est bon ! C’est par là ! » Au prochain passage souterrain, on hésite
encore. Allez, tout droit ! Maintenant on approche de la ville et on retrouve les petits panneaux des pistes cyclables. C’est tout droit ! On reconnait bientôt le boulevard principal. Attention aux rails du tramway ! Quelques noctambules à vélo rentrent se coucher. Nous validons notre aventure par un coup de tampon à 03 h 30 à la station Shell. Nous glissons nos cartons dans la boite aux lettres du café Augustiner. Il nous restait une heure de marge. Une bonne expérience de plus! Deux autres rescapés arrivent pendant que nous regagnons notre hôtel à proximité. Une douche et au lit !

Vielen Dank ! Aufwiedersehen !

 

Augustiner Cafè:

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